Select Page

Série vidéos-peintures

Modèles vivants

«Les videos-peintures de Suzanne Giroux sont troublantes. On se croit d’abord confronté à une peinture reprise en vidéo. Mais à la troisième de ces pièces, L’Odalisque au bain, un mouvement intempestif ride la surface de l’eau et tout est alors remis en question. (…) La fenêtre ouverte sur le monde est un réduit étroit, un encastrement trompeur. Et qui n’en apparaît pas moins comme réalité frissonnante. Un réel  «chair de poule». (…) Mimésis contemporaine, après celle qui a été platement privilégiée par les peintres d’autres époques, les vidéos-peintures ne cherchent pas à interroger la représentation. Mais, en utilisant un médium aussi «réservé» que la vidéo et en faisant aussi radicalement frémir le grain de la peau, Suzanne Giroux en illustre les possibilités. Qui eût dit que l’on pouvait, avec une simpe caméra, faire suinter un écran vidéo?

Texte de Sylvain Campeau, ETC Montréal

«Suzanne Giroux livre de bien troublants Modèles enfermés dans l’espace étrange d’un moniteur vidéo qui, en plus de mettre en scène tous les repères muséologiques traditionnels (large cadre doré, lampe, plaque, etc), font abondamment référence à l’histoire de l’art en offrant une subtile réflexion sur les mécanismes de représentation. Le spectateur est ici confronté à un réel «modèle vivant» puisque ce dernier, longuement filmé, s’anime réellement. Malgré la spécificité du médium qu’elle utilise, Suzanne Giroux s’intéresse aux constituants de la peinture – le cadrage, l’aspect décoratif, la pose, la composition – par un astucieux clin d’oeil aux blanches odalisques d’Ingres, aux éclatants motifs floraux de Matisse et même à l’énigmatique pincement de sein de Gabrielle d’Estrée (École de Fontainebleau). Dans un univers de pure séduction, ces modèles deviennent la source d’un plaisir esthétique presque intarissable puisque ces images refusent de se dévoiler dans l’instantanéité.»

Texte de Françoise Lucbert, Vie des Arts

Les oeuvres de la série Modèles vivants ont été présentées en groupe ou individuellement dans le cadre d’expositions solos ou collectives:
GOETHE INSTITUTE MONTRÉAL (solo) MUSEUM OF CONTEMPORARY ART CLEVELAND – PRIM VIDEO MONTRÉAL (solo) – CENTRE D’ART D’ÉVRY FRANCE – DAYTON MUSEUM OF ART ONTARIO – MACDONALD STUART ART CENTER ONTARIO – ALDRICH MUSEUM CONNECTICUT –

GALERIE LAVALIN MONTRÉAL – FONDATION CARTIER PARIS – ROTONDA DELLA BESANA MILAN – MUSEUM VILLA STUCK MUNICH – GALERIE DU GÉNIE PARIS – JAYNE H. BAUM GALLERY NEW YORK – NSU MUSEUM OF ART FORT LAUDERDALE  FLORIDA (solo) – GAINSVILLE UNIVERSITY GALLERY FLORIDA (solo) – CHICAGO ART FAREFIAC PARIS – BASEL ART FARE BASEL – FRANKFURT ART FARE

Ingrid Jenkner writing on Venusta. From the catalog SITE MEMORY, Contemporary Art from Canada, Macdonald Stewart Art Center.

"Suzanne Giroux (...) video-painting of female models reenacting old master nudes, Venuses and Odalisques, is a series of visually lush and progressively ironized tableaux. The familiar art historical canon "masterpieces of western art", supplies the immediate referent of the series. Her procedure consists in setting the scene in her studio and posing the model, then positioning the Camcorder for a fixed shot lasting thirty minutes. During the course of the real-time sequence, the model can be observed breathing and unobtrusively adjusting her pose. The presence in the background of a television set displaying rapidly broadcasts both foregrounds the fact of the medium and signals the off-screen presence of a channel-hopping director. This, in effect, contributes the principal narrative "action" of Venusta, which simultaneously unpacks the illusionism of easel painting and the elaborate trompe-l'oeil of video."

Série vidéos-peintures

Giverny, le temps mauve

L’exposition Giverny, le temps mauve  a été créé pour le
MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN DE MONTRÉAL
Conservateur Réal Lussier

Elle a ensuite été présentée au 49TH PARALLEL NEW YORK et au  MUSEUM OF CONTEMPORARY ART  CLEVELAND

Texte de Réal Lussier, catalogue d’exposition

« Giverny, c’est la lumière. En effet, ce sont les variations de la lumière qui modifient l’aspect des choses. À l’exemple de Monet, Suzanne Giroux tente aussi de saissir cette lumière naturelle qui enveloppe tout et qui n’est jamais tout à fait la même. Une lumière qui métamorphose les élémements de la nature et les rend en quelque sorte fluides et impalpables. Avec une telle préoccupation, les sujets privilégiés demeurent ceux qui offent la plus grande immatérialité, comme c’est le cas pour l’eau où tout n’est que reflets et vibrations.»

Texte de Manon Blanchette, catalogue d’exposition

«Il existe de ces oeuvres qui échappent au banal par la richesse des dimensions qu’elles proposent ainsi que par l’originalité et la cohérence de leur critique. L’exposition Giverny, le temps mauve, met en scène des oeuvres de cette intensité, elle met en scène des oeuvres qui enchantent, qui élèvent l’esprit et qui séduisent tout en permettant un cheminement de la pensée. (…)  Les vidéogrammes-peintures de Suzanne Giroux ne font pas que séduire, ils enchantent, ils soumettent le spectateur à une force hors du commun. Pendant que la magie s’installe, la pensée reste en éveil. Stimulée par l’objet de l’oeuvre et par la beauté de la représentation, la mémoire se laisse prendre au jeu.»

«Giroux’s work is one of duration. On her blurry surface we see plants, flowers, water, and insects moving in protracted time, like a pulse beating beneath the surface of the skin. The result were like giant aquariums gleaming in a dark room. (…) Its luminous green, drenched surfaces at time resembled the production of a «genuine» oil painting by printing a reproduction of a painting on canvas. Neither the blurs of the soft focus or the visible raster pattern (the visible vertical grid that appears when a video image is blown up) make the scene «painterly» in Monet’s way. Yet her cropped and blown-up image of water garderns also offer pleasures not available in Monet’s work. Because her work is based on real time, not the symbolic language of time Monet employed, we can see the lazy path of water skimmer, the gentle way of the water lilies, or trace the curving lines of a flying insect as it etches serpentines in the air like skater’s waltz.»  Ann-Sargent Wooster Arts Magazine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Série vidéos-peintures

Espaces esthétiques/ Espaces poïétiques

 

 

 

 

ESPACES ESTHÉTIQUES / ESPACES POÏÉTIQUES sont pour la plupart des oeuvres inédites qui n’ont pas fait l’objet d’exposition. Les oeuvres sont de petits formats et la source vidéographique est un moniteur aux cristaux liquides. Comme le titre l’indique, il s’agit de la représention des contraires, le conjunctio oppositarum des alchimistes, cette dynamique avec laquelle l’artiste est aux prises au cours du processus de création, celle qui fait passage en lui et le métamorphose avec la puissance d’un dieu grec.

ÉVÉNEMENT FIAC

Monna Lisa's smile enigma

Texte d’Alain Laframboise, Catalogue d’exposition

«Que nous fait découvrir cette installation, en un coup d’oeil et avec la force de l’évidence? Que le pivotement de 90 degrés de ce détail de la bouche de la Joconde,  que ce soit vers la gauche ou vers la droite, révèle un dos, dans deux positions différentes ou deux dos. Deux dos-miroirs viennent quadrupler ce dos. Vérification par épreuve du miroir fidèle à la règle des quatre démonstrations de Léonard, reprenant ainsi ses procédés. Regardez bien, voilà quatre dos différents fortement modelés par la lumière.

Suzanne Giroux a prélevé dans l’oeuvre la plus connue et la plus reproduite au monde une nouvelle image qui est aussi une interprétation et une réactivation des puissances de cette oeuvre. Elle nous entraîne à retrouver la Joconde, que nous acceptions ou que nous récusions sa proposition. Ce faisant, elle se positionne très avantageusement par rapport à certaines pratiques post-modernes: elle ne se contente pas de citer, elle ne pastiche pas l’oeuvre-source, elle précise le rapport qui engage subjectivité et mémoire, cela au plan individuel et social, de l’intra- et de l’extra-artistique.

Voilà une installation qui mime, redouble et réfléchit toute la mise en salle du tableau de Léonard au Louvre. Elle implique aussi tout le travail de médiatisation opéré autour de ce tableau et qui s’inscrit dans le contexte du marché des biens symboliques. Le détail agrandi de la Joconde, mis ici en scène, ne diffère pas, par nature, des «dérivés commerciaux» du produit en question. Ajoutons qu’une telle présentation dans le contexte commercial de la FIAC plutôt que dans un cadre muséal n’est pas non plus innocente.

Avec cette installation, Suzanne Giroux nous invite à réfléchir sur les spéculations infinies au sujet du tableau de Léonard, à distinguer entre ce qu’il nous livre et ce qu’on y projette, à mesurer en somme l’envergure mais aussi les rouages de notre fascination. Elle y arrive étonnamment en faisant en sorte que sa proposition de lecture de la Joconde s’impose à tous ceux qui la verront (d’autant qu’elle ne se situe pas en extériorité de l’oeuvre). Elle entraîne une nouvelle manière de regarder le tableau de Léonard et elle entre ainsi, stratégie suprême, dans l’orbite du plus célèbre tableau qui soit.»

MUSÉE NATIONAL DES BEAUX-ARTS DU QUÉBEC

L'énigme du sourire de Mona Lisa

Musée national des beaux-arts du Québec, Communiqué de presse, 13 janvier 1994

15 000 PERSONNES sont venues voir l’exposition entre le 21 décembre et le 9 janvier. L’énigme du sourire de Monna Lisa est prolongée jusqu’en février.


Après le MUSÉE NATIONAL DE BEAUX-ARTS DU QUÉBEC
l’exposition a été présentée au Québec:

MUSÉE DE JOLIETTE
MUSÉE MARIUS-BARBEAU
MUSÉE RÉGIONAL DE LA CÔTE-NORD
GALERIE D’ART DE L’UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE
MAISON DE LA CULTURE AMOS
CENTRE D’ART ROTARY LA SARRE
CENTRE NATIONAL D’EXPOSITION  JONQUIÈRE

Divers

Installations vidéo

«Promenade pour veduta avec R.P. de Suzanne Giroux fut sans doute l’oeuvre la plus éloquente de l’exposition en ce qui a trait à son habileté de rendre un hommage manifeste au «tombeau» de René Payant. On pénétrait dans cette oeuvre comme on avancerait dans une nef. Murs ornés de châssis, de toiles vierges nous conduisaient sereinement vers un autel cathodique. Citations ponctuelles investissaient ces supports de voix et d’échos. Or, ce furent ceux de René Payant qui nous guidèrent vers le reflet de l’image centrale. Lieu de repos et de contemplation, ce jardin au banc inoccupé baigne dans la luminosité effervescente du Giverny de Monet. Bien que l’image captée soit mobile et vivante, sa projection répétée, comme son cadre doré, la suspend et l’immobilise, lui conférant un destin d’existence intemporelle se livrant à nous à travers notre propre imagination. Le regard fixé à l’écran, nous nous laissons tranquillement imprégner par l’image oscillante d’un penseur dont l’oeuvre s’entend toujours.»

Tombeau de René Payant, Maison de la Culture Côte-des-Neiges, texte de Jennifer Couëlle

«Suzanne Giroux réunit dans une pièce circulaire les portraits en continu de six acteurs d’une nouvelle conscience planétaire: Hubert Reeves, Andrée Ruffo, Mariette Rousseau-Vermette, Oliver Jones, Antonine Maillet, Lise Thouin. En correspondance à chacun de ces «modèles», un moniteur diffuse leurs paroles évoquant l’avenir de l’espèce humaine. L’image d’un oeil de baleine, sur un autre moniteur, vient appuyer ces réflexions sur notre fragilité. L’atmosphère méditative et englobante de l’oeuvre nous amène à réfléchir, plus qu’on ne l’aurait fait spontanément, peut-être, à son propos pourtant aisément compréhensible.»

Installation vidéo: Bleu comme Terre, dans l’exposition À mille lieux, Marché Bonsecours, texte de Bruno Dostie